Le Berger de Russie Méridionale

J'ai découvert le Berger de Russie Méridionale l'an dernier lors du double CACIB de Ljubjlana. Depuis lors, j'ai cherché un auteur pour lui consacrer une "Race du Mois". Il était parfaitement naturel de demander à Sylvia Pons car elle connait ce chien sur le bout des doigts et aussi parce qu'elle est une vraie passionnée. Le résultat dépasse mes espérances. En attendant le livre de Sylvia, nous allons pouvoir la suivre dans sa passion. Allez, j'arrête de bavarder et je vous laisse découvrir ce chien fascinant.



Le berger de Russie méridionale

 

 

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 Vityaz Savitas


 
Un géant discret et fidèle, une race confidentielle qui a souffert de rumeurs ne lui correspondant pas.


Origines & histoire.

 

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Comme son nom l’indique, le berger de Russie méridionale ( YOUJNOROUSSKAYA OVTCHARKA) est originaire de l’actuelle Ukraine et son origine ne remonte pas à la nuit des temps. Son histoire est liée à l’élevage ovins et plus particulièrement au Mérinos qui représenta une manne commerciale au XVIII ème siècle. La pérégrination de ces troupeaux à travers l’Europe entraîna avec elle, ses plus fidèles auxiliaires, à savoir les chiens de conduite et de protection.
Quels que furent les types raciaux et pays d’origines de ces chiens, c’est surtout pour leur capacité au travail qu’ils furent remarqués. Il est de plus en plus évidents que les conducteurs furent des chiens du type Gos d’Atura Catala ou bergers des Pyrénées, mais certainement aussi une race germanique très ancienne du même type car beaucoup de troupeaux partirent des confins de l’Allemagne et de la Pologne par voie de terre et non pas uniquement par voie maritime comme cela fut souvent écrit.
La sélection de cette race à proprement parler débuta en un point précis et pour des raisons purement économiques. Au bord de la mer d’Azov, un propriétaire issu de l’immigration prussienne, importa des troupeaux de Mérinos sur sa propriété d’ASKANIA NOVA.  Ces steppes arides et peu hospitalières ne pouvaient permettre qu’un essor à travers l ‘élevage.  Les chiens qui les conduisirent jusque là résistaient mal au climat ou aux prédateurs autochtones. Pourtant ASKANIA NOVA, ne pouvait se passer de l’auxiliaire de ses conducteurs de troupeaux infatigables.  Fréderick FALZ FEINE, propriétaire d’ASKANIA NOVA, mais aussi titulaire d’un diplôme de zootechnicien de l’université d’Odessa décida donc de sélectionner le chien « parfait » en terme de résistance et de capacités au travail, mais il voulu aussi y ajouter d’autres facteurs importants requis par la vie de ses contrées. Il commença donc ses hybridations à partir des conducteurs européens et des races autochtones.
En 1889 pour l’exposition universelle de Paris, il y exposa un couple de chiens « Olga & Serge » qui firent sensation. Il avait relevé le défi et certainement atteint ce qu’il désirait, un conducteur infatigable, capable de travailler seul, un protecteur incorruptible et un chasseur hors pair. Il nomma ce chien Berger d’Askanie, que l’on retrouve aussi sous le nom ancestral et générique de Owtchar, ovtcharka et tous dérivés, Ovtcharka signifiant « chien de berger » en russe.

 

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Olga


Il est fort probable que Fréderick FALZ FEINE ait utilisé les 3 groupes raciaux à sa disposition pour créer le berger de Russie méridionale, à savoir , lévrier,  protecteur et  conducteur. Des premiers il a voulu obtenir une extrême rapidité et une capacité de chasseur, des seconds la capacité à faire face aux prédateurs et des derniers la capacité première de travail au troupeau.  Arriver à combiner toutes ces capacités en un seul chien était une victoire économique. A cette époque, il était impossible d’entretenir un chien spécifique pour chaque tâche. Le plus remarquable fut d’obtenir des capacités spécifiques liées au sexe.
Ainsi les femelles furent attachées à la conduite des troupeaux, tandis que les mâles s’occupaient de la protection, ce qui explique encore aujourd’hui une grande différence de caractère lié au sexe dans cette race.
Ces chiens travaillaient en parfaite autonomie, seul un régisseur allait de temps en temps vérifier l’état du troupeau. Des abris en terre séchée parsemaient la steppe, où les chiens les guidaient en cas de tempêtes.

 

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Enveloppe vierge ancienne



Concernant le physique, Frederik FALZ FEINE s’attacha à sélectionner une fourrure particulière, avec un sous poil abondant sous un poil de couverture à texture de chèvre. La steppe était alors couverte d’un bush épineux, ces ronces étaient particulièrement fatales aux mérinos, les épines remontant jusqu’à la peau et causant des hémorragies. Le berger de Russie méridionale avec sa toison spécifique était protégé de ce fléau. Sa frange le protégeait des brusques coups de vent chargés de sable.  Concernant la couleur, nous savons que le jaune, le gris, le blanc étaient présents, la couleur claire fut, elle, préférée pour se fondre au troupeau, pour différencier le chien du prédateur en cas d’attaque ou pour supporter les étés torrides dans la steppe, les versions sont multiples et aucune n’est infondée.
A partir de ce moment là, le Russe méridional ou YOUJAK (contraction en russe du nom complet de la race) va être présent sur les foires agricoles, les expositions dans son pays mais aussi en Europe. Le Tsar Nicolas II en visite à Askania Nova demanda combien de moutons il y avait sur l’exploitation, il obtint pour réponse que plus de 1000 chiens les gardaient, or à l’époque un chien pouvait veiller sur mille têtes d’ovins.
Malheureusement la révolution d’octobre 1917  mettra presque un terme à l’essor de la race.  Le domaine d’Askania Nova fut abandonné, les chiens laissés à l’état d’errance, beaucoup furent abattus car ils continuaient leur travail de protection et leurs peaux furent vendues cinq kopeck pièce, relate un journal de l ‘époque.

 

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Spéciale de Race en Exposition (1939)


Il faudra l’effort de quelques amateurs pour le sauver de l’extinction et le travail du fameux chenil de l’étoile rouge pour le préserver. Toutefois il subira de nouvelles retrempes avant de nous parvenir tel que nous le connaissons. Dès les années 1950, il devient une fierté nationale, un timbre sera édité, des cartes postales, des boites d’allumettes s’orneront de son portrait et bien d’autres objets de la vie courante rappelleront que tel le Sphinx, le berger de Russie méridionale renaît toujours de ses cendres.
Longtemps mis au secret, car utilisé par les militaires pour la garde des sites stratégiques ou des missions sensibles, il ne réapparaîtra pas en Europe avant les années 1980.    

 

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Timbre à l'effigie du Berger de  Russie Méridionale (1965)




Caractère & comportement

Le berger de Russie méridionale est avant tout  un chien, et donc un animal social et hiérarchisé.
C’est un chien de troupeau avec les atavismes propres à cette fonction, mais aussi un chien capable d’anticipation.
C’est un grand chien et en cela il n’est pas le bienvenu partout, d’où l’importance de l’éducation. Son poil est long et demande donc des soins hebdomadaires. Ces derniers ne sont pas astreignants toutefois cela ne doit pas devenir une corvée mais un moment de complicité pour parfaire l’éducation.
J’ai produit 28 chiots au total et j’ai importé 4 chiens d’autres affixes, je crois avoir une expérience concernant le comportement du russe méridional.

 

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Djemma à 18 mois



Le chiot de cette race par atavisme, peut être réservé et très discret, il ne faut pas oublier que ces chiens avaient les mêmes prédateurs que le troupeau. Par le fait ils sont propres très rapidement afin de ne pas permettre à ces derniers de retrouver leur piste. Leur réserve naturelle doit être très vite stimulée afin de ne pas en faire des chiens craintifs. Ils sont très vite curieux, joueurs et en attente de nouvelles expériences. La stimulation des deux premiers mois est capitale, pour autant le futur propriétaire devra continuer ce travail d’éveil par des mises en situations nombreuses et ce jusqu’à 18 mois.

Le russe méridional est très attaché à son maître et à sa famille, s’il n’est pas correctement socialisé, il peut alors refermer le cercle de son apprentissage sur sa famille seule et finir par ne plus tolérer les étrangers ou de nouvelles situations.
S’il est éduqué correctement, il fait très vite la différence entre son territoire et sa famille à protéger, et le monde extérieur où son attention ne sera captée que par son maître, le reste le laissant totalement indifférent. Il ne faut pas oublier que c’est un chien de protection.

Je mentionnais qu’il y avait une différence essentielle de caractère entre mâle et femelle et je persiste. Dans cette race les femelles conduisaient et les mâles protégeaient, les premières travaillant le jour, les second la nuit ou à l’alerte donnée par les premières en journée. Ces caractéristiques sont importantes à noter.
La femelle est enjouée, active, joueuse, farceuse même, le mâle est plus réservé, moins actif, plus tranquille.
Ils vivent aisément en groupe, mais c’est toujours une femelle qui prendra le leadership.
Djemma fut le chien de ma vie, un vrai clown mais aussi un esprit, elle anticipait tout et me lisait à livre ouvert.
Elle fut ici le leader, éduquant les chiots qui ne lui appartenait pas et avec l’approbation des autres femelles.
Son rôle de gardienne était impressionnant, elle allait seule au portail et déterminait la situation. Sur un seul mouvement de son corps elle pouvait déclencher le reste de la troupe en une fraction de seconde. Elle gérait sa meute au doigt et à l’œil. Le jour où elle nous a quitté, j’ai perçu pendant des semaines le mal d’être de mon groupe. Je crois d’ailleurs qu’aucun n’a voulu prendre sa place.

Ce sont des chiens facilement adaptables à toutes les situations, aucune nervosité sans raison valable. Ils vivent parfaitement dans la maison et ne sont pas destructeurs. Ils acceptent facilement les autres animaux, chats, chiens poules etc. et font la différence entre les animaux de la maison et ceux qui en sont étrangers.
Ils ont besoin d’un maître juste et ferme, la violence dans l’éducation est à prohiber. Ils ont horreur des situations de conflits ou des jeux brutaux. Encore une fois ils fonctionnent en parfaite osmose avec leur maître.

 Le berger de Russie méridionale est adulte à trois ans, il se pose, sa principale activité est de patrouiller en limite de son territoire et ensuite de veiller à la tranquillité de son espace. Il n’aboie pas sans raison. Oui, il a besoin d’espace ou de grandes promenades, pour autant il sera toujours au plus près de l’œil de son maître.

Me concernant j’ai déménagé pour raisons professionnelles, Max par exemple est resté avec moi deux mois entre mon bureau et ma chambre d’hôtel, le temps de trouver un nouveau logement. Pendant les vacances, ils vont en pension canines sans montrer aucune difficulté et sans forcément y être habitués dès leur plus jeune âge.
J’ai fait des expositions en France et en Europe, j’avais parfois trois chiens avec moi dans la voiture, en laisse, ou couchés sous une table de restaurant. Personne ne s’est jamais aperçu de leur présence que lorsque nous partions…Dormir à l’hôtel ou rendre visite à des amis qui possèdent des chiens n’a jamais été synonyme de cauchemar. En bref et en clair, le berger de Russie méridionale est un chien aussi civilisé que son maître peut l’être.
Je n’ai jamais fait de dressage avec mes chiens, je ne suis pas comportementaliste ou éthologue, j’ai juste une vision du chien de famille et le russe méridional est un chien de famille avant tout.

Il est inutile de lui apprendre à garder ou à protéger, il sait faire, le seul bémol est de lui apprendre que vous êtes et resterez toujours le leader du groupe, une fois cela admis, vous vivrez un pur bonheur.
Vigilants il reste, vous montrant parfois à qui vous fier avant que vous ne soyez déçus…Djemma était très douée pour cela, avec son sourire spécial.

Dernièrement en pleine nuit ici, un flexible de la chaudière a lâché…Nous dormions à l’étage quand Igroush est venu nous réveiller, l’étage est interdit aux chiens. Et le pauvre garçon de neuf mois était tout petit dans ses baskets !
Mais voilà, il a franchi l’interdiction car c’était vraiment important et grave ! Des mètres cubes d’eau bouillante dans tout le rez de chaussée… Merci Igroush ! Il faut noter que tout le temps de l’intervention des pompiers, il a laissé aller et venir en surveillant du coin de l’œil. Une fois le portail fermé, il a fait un grand tour de propriétaire avant de se coucher devant la porte.

Alors en résumé, bien sur je suis fan de cette race et par le fait, peut être moins objective…Mais franchement je ne le crois pas. Si durant toutes ces décennies je n’ai pas changé d’avis, il y a une raison essentielle, le berger de Russie méridionale est vraiment le chien presque parfait parce que la perfection n’existe pas. Il est surtout le compagnon de toutes les situations et l’ami le plus loyal que la vie m’ait offerte. Mon seul regret est que leur vie soit si courte. 

Santé

C’est une race rustique et qui rencontre bien peu de souci de santé. Ils ne vont chez le vétérinaire que pour le rappel de vaccins pour la plupart. Toutefois certains sujets ont révélés une dysplasie importante au niveau des lectures de radio sans pour autant exprimer de handicap et ce jusqu’à la fin de leur vie. Aujourd’hui ce problème est moins récurent.
Il peuvent présenter une allergie importante aux puces ou aux acariens, il est donc souhaitable de bien entretenir leur toison.
Comme dans d’autres races, aujourd’hui apparaissent des problèmes d’épilepsie, de faiblesse cardiaque ou de torsion d’estomac sans que des lignées précises puissent être mises en cause. Mais ces pathologies restent encore très marginales au sein de la race.
Le russe méridional est un chien frugal, par le fait peu de sujets sont touchés par un souci de surcharge pondérale (le poids moyen étant de 42 à 55 kg pour une taille au garrot de 62cm minimum sans maximum, aujourd’hui la taille varie autour de 70cm avec des records parfois à plus de 80cm).
La longévité de la race est estimée à treize ans en moyenne, mais certains ont atteint quinze ou dix sept ans dans des conditions optimales.  

 

 

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Notre histoire

Un coup de foudre dans la vie est je crois par principe inexplicable. En 1987 j’avais accueilli dans ma vie mon premier chien, un Bobtail. Et comme tout nouveau propriétaire je lisais les revues canines. Je me rappelle tout ceci comme si c’était hier, c’était la finale Roland GARROS, et je feuilletais un hors série spécial chiens de bergers, et là arrêt sur image ! Mon chien, le chien de mes rêves allongé sur un lit de feuille mortes, j’ai du relire l’article des centaines de fois, une race russe, impossible à avoir, inconnue dans notre Europe.
Bref ça commençait mal !
A l’époque pas d’Internet… Alors j’ai pris ma plume, j’ai écris à tous les ministères de l’agriculture des pays de l’est. Les courriers ont mis du temps mais ils ont été transféré aux services en charge et j’ai reçu des réponses. Quand j’y pense c’était un peu fou.
Parallèlement j’ai contacté le photographe de la revue et j’ai su qu’il avait photographié le chien aux pays bas où il venait d’être importé de Pologne. J’ai contacté le propriétaire, nous avons convenu que retenais un chiot sur la future portée prévue. Je ne tenais plus en place. Et puis au printemps 1988, le propriétaire m’a contacté, il vendait la chienne ou il la faisait euthanasier ( !!! ), c’était maintenant ou jamais !
A l’époque sans doute par inconscience, je n’ai pas réfléchi un instant, ni au coût, ni au voyage, ni au fait d’accueillir une chienne adulte dont je ne connaissais rien, ni aux spécificités d’une race dont on ignorait tout !
Je suis partie à la rencontre de « mon chien ».

 

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Je vais essayer de résumer, elle était chez un éleveur de BRIARD, qui souhaitait proposer un « must », mais son caractère l’avait relégué dans une cage. Tout ceci je ne l’ai appris que bien plus tard. La première fois j’ai rencontré un chien efflanqué, triste qui ne ressemblait  en rien aux photos. Je l’ai prise en laisse sans savoir que pour ses propriétaires elle était qualifiée de dangereuse. Nous avons marché, je crois que j’ai causé et puis caressé et j’ai senti tout son corps se raidir puis venir s’appuyer sur ma jambe, elle a enfin levé la tête et son regard dans le mien a été décisif.
Je suis allée à la voiture, j’ai ouvert et lui ai proposé de monter ce qu’elle a fait  sans hésiter, elle s’est installée. Ni cage, ni barrière, rien n’était prévu et pas un seul instant je n’ai eu un doute.
Comme elle s’était installée sagement dans la voiture Avita NORTONIA s’est installée dans ma vie. Elle avait deux ans et demi quand notre histoire a commencé.
Vita a été un tout pour moi, un regard constant sur tout ce qui m’était cher, ma petite fille de un an, mes chats, mon « crazy » Bobtail. Sur son territoire vigilante sans nervosité, au dehors parfaitement adaptée à toutes les situations mais ne veillant que sur les personnes de son entourage. Tranquille, efficace, patiente et si attachée à ma personne sans être collante. Elle était toujours à l’endroit stratégique de la maison et ne me perdait jamais du regard. Le regard de Vita c’est ce qu’il me reste en mémoire de plus magnifique, un discours en silence à 4 yeux.
Parallèlement j’étais vraiment néophyte en matière canine et d’autres parts, je voulais partager avec d’autres ce bonheur quotidien avec cette race particulière. Je voulais savoir si Vita était  une exception ou s’ils étaient tous ainsi. Alors courriers encore, contacts, échanges… En plus d’être le chien de ma vie, elle s’est mise à ouvrir des portes et des fenêtres sur une aventure que sans elle j’aurais manqué.

La chute du mur de Berlin

De ce moment, les échanges avec les pays de l’Est se sont multipliés. Et en mai 1992 j’atterrissais à Moscou pour visiter une exposition. J’étais venue voir, comprendre, apprendre.
J’ai rencontré des éleveurs, des propriètaires, des juges, et je dois encore aujourd’hui remercier Jelena TSOUKHANOVA présidente de la race dans son pays. Elle m’a ouvert les archives, nous avons remonté le temps. Je suis repartie les yeux et la mémoire comblés. De ce jour j’ai commencé un travail de recherche sur les lignées. En 1995 j’y suis retournée pour EURASIA, mes questions étaient plus ciblées et j’avais accès à Internet.
J’ai revu Jelena et je lui ai fait part d’un second rêve, je souhaitais une femelle issue de lignées bien particulières.
Je n’ai jamais souhaité élever  mais je voulais continuer mon apprentissage sur la race. En décembre de cette même année, Jelena m’a contactée, une portée venait de naître telle que je souhaitais, une seule femelle disponible. Début 1996 Max(KSYOUSHA) est entrée dans ma vie comme une tornade, pétillante, pétulante, extravertie, le contraire de ma Vita. Une nouvelle étape mais toujours cette même loyauté, ce dévouement extrême, cette attention de chaque seconde.
Parallèlement j’avais écris quelques articles dans la presse sur la race, et dispensé aux juges de races des informations. Plusieurs particuliers s’étaient manifestés pour acquérir des chiots et je les avais dirigé sur la Hollande où une éleveuse commençait la sélection.
En 1998, une personne ayant acquis un chiot en Hollande m’appela pour me dire que son chiot de 7 mois était décédé suite à un souci avec une pipette antiparasitaire. Elle était en larmes, elle avait attendu ce chiot trois ans…Je ne savais vraiment pas quoi faire face à sa détresse.  Max comme pour nous répondre a eu ses chaleurs alors j’ai demandé à Monique qui depuis est devenue une amie, si elle voulait qu’on tente une saillie ? Elle a dit oui de suite !
Et me voilà partie pour les pays bas avec Max à la rencontre d’un mâle importé de Lituanie.

 

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Vityaz Savitas


C’était en novembre.
En décembre Vita s’est mise à décliner et nous avons du nous dire Adieu. Je n’avais jamais vécu cela, un tel chagrin, une telle douleur, un tel manque, je l’ai accompagnée jusqu’au bout, mais le bout qu’il me restait à moi était une déchirure. La nuit il me semblait l’entendre, j’avais oublié la saillie de Max repliée sur mon chagrin…
Dans la nuit du 4 au 5 janvier 1999, Max a commencé son travail. Neufs chiots sont nés dont trois noirs… Horreur ! Je savais qu’une couleur grise foncée avait existé mais qu’elle était perdue depuis longtemps, enfin ce gris là car il restait un gris fumée très clair.
J’ai gardé la première née Djemma et puis un garçon gris, Orlik.
J’ai pris un affixe, quelle difficulté ! Je voulais que l’on se souvienne du berceau de la race, alors ASKANIA SKAZKA est venu naturellement « Le conte d’Askania » et pour moi cela restera un conte de fées.
Les chiots pour beaucoup sont repartis dans les pays d’origine ou à l’étranger, Allemagne, Suède, Pays bas.
Seulement quatre son restés en France. Monique a ouvert le premier carnet de travail pour cette race avec Doushka qui a passé le CSAU avant d’intégrer le pistage français et d’arriver en TL.
Djemma a eu des chiots à son tour qui sont aussi partis très loin, mais nous avons gardé Shoutka.
Entre temps je me suis prise au jeu des expositions, championnats internationaux, de France, de Belgique, du Luxembourg. Notre Orlik volait au dessus des moquettes, il adorait ça.

 

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Pouchkin Orlik


A ce moment là d’autres sujets sont rentrés en Europe, certains peu sympathiques et malheureusement c’est ceux ci que la mémoire collective a retenu. Je ne comprenais plus, ce qui était si simple pour moi, si naturel, si facile devenait pour d’autres une anti publicité sur la race. J’ai eu beaucoup de mal à accepter cela, si le standard donnait cette race comme méfiante face aux étrangers, il n’a jamais été question d’agressivité gratuite. C’est depuis toujours une race utilitaire aux multiples fonctions et donc réceptive au dressage.

En 2002 fut organisé en république Tchèque une première rencontre de la race à l’initiative de propriétaires et éleveurs. L’EUROYOUJAK réunit cette année là 70 sujets venant de tous les pays et surtout de l’ex bloc soviétique. Nous étions tous heureux de nous rencontrer ou de nous revoir.
C’est Orlik qui devait recevoir le meilleur de race.
Je  n’ai jamais digéré cette victoire, c’était trop, et trop vite et surtout j’ai perdu des « amis » et je n’ai pas compris.
Mais j’étais fière de Max et de ce qu’elle avait donné à sa descendance.
Cette année là Orlik a été vice champion du monde et s’est classé dans des BIS et BOG. Mais je ne réalisais rien.
En 2003 au vu de tout ceci j’ai décidé de faire ce qui fut mon dernier accouplement, Orlik & Shoutka.
Dix chiots sont nés, comme par le passé beaucoup repartirent dans le pays d’origine ou franchement loin, Israël, suède, Mexique. Quatre jours avant la naissance, un orage terrible a foudroyé Orlik. C’est la première fois que j’ai senti le vide au bout de la laisse et un découragement sans borne.
J’ai gardé trois chiots, Lulu, Sadko et Snoopy.
Depuis je n’ai plus produit.
Ici j’ai eu jusqu’à sept russes méridionaux ensemble dans la maison, deux mâles et  cinq femelles sans souci.
Et puis le temps a fait son œuvre et le cimetière de mon rêve s’est agrandi. Je me suis sentie comme une coquille de noix mais c’était sans compter sur mes amis.
L’année dernière en Novembre je suis allée rendre visite à mes amis d’Ukraine, affixe « LUYTIY », et j’avais rendez vous avec Olga l’éleveuse de Max (c’est un bien grand mot car elle n’a jamais produit qu’une seule portée). Olga a fait le voyage en voiture de Moscou à Odessa.
Cette escapade et cette rencontre étaient une bouffée d’oxygène, presque dix années s’étaient écoulées depuis ma dernière portée. Je n’avais plus à la maison que deux femelles âgées et je n’envisageais pas une suite à mon aventure. Mais c’était sans compter sur l’amitié d’Olga et Marina qui mirent dans mes bras deux boules de poils…
Une blanche et une noire ( ???) !

En 1992 lors de ma première visite à Moscou, j’avais croisé une autre race surprenante et je n’avais jamais oublié ce fabuleux clin d’œil, mais… Il s’agissait aussi d’une race dite « difficile » ! Or j’avais consacré mon temps et ma passion uniquement au russe méridional et cela suffisait à mon équilibre.
Alors quand j’ai regardé plus attentivement ces deux boules, j’ai eu un choc ! Deux grands yeux foncés sous d’épais sourcils noirs me contemplaient attendant que se tisse un lien. Je n’arrivais pas à y croire, un terrier noir !
L’autre petite boule comme du coton, regard interrogateur et cabot  était un russe méridional.
Une nouvelle aventure commençait !
Lilas et Igroushka ont fêté leur un an en France, ils sont étonnants ! A l’aise en toute situations, tolérants et vigilants à la fois. Je découvre une nouvelle race et je reprends le fil de l’histoire avec le berger de Russie méridionale. Ils sont différents et complémentaires et ne vivent rien l’un sans l’autre. Ils forment un duo extraordinaire.

Je n’ai vécu aucune difficulté dans leur éducation, je ne vois vraiment pas en quoi cela pourrait être des races « difficiles ». Je n’ai pas produit ces chiots, alors je me dis que si plusieurs affixes dans le monde sont capables de proposer des chiens aussi équilibrés, c’est que ces deux races le sont et qu’elles ne peuvent souffrir la mauvaise publicité d’éleveurs ou de propriétaires négligents face à leur devoir.

Me verrez vous en expositions ? Je ne crois pas. Re ferais je de l’élevage ? je ne le pense pas non plus.
Mais depuis 25 ans ou plus, je continue à croire aux contes de fées avec ces poilus  qui colorient ma vie.
Je vous souhaite à tous autant de chance que j’en ai eu, je vous souhaite cette amitié du regard, cette histoire jamais close. Je souhaite à ces races un avenir et un devenir avec des gens avertis et sains qui auront d’autres  but que d ‘épater la galerie.
Au delà je veux remercier tous mes amis de part le monde qui ont permis à ASKANIA SKAZKA d’avoir un début et une suite. Et du fond du cœur, Merci Olga, Kate, Marlene, Jelena, Marina, Svetlana, Regina , Yulia, Natalia, Ilona et tous ceux que j’oublie car la liste est trop longue…


Toutes les photos qui illustrent cet article sont ma propriété, si je suis présente sur les photos c’est que je ne souhaite pas qu’elle soient utilisées par des tiers à quelques fins que ce soit. Je remercie ma fille Marine, mon mari Thierry et Imré Horvath pour ces photos. Les autres photos sont aussi ma propriété et prises par moi même, merci de respecter ma demande de non utilisation.

 

Album Photo

 

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En liberté

 

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En bonne compagnie

 

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Chien et Chat

 

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Intrigué

 

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Un bébé tout tout proche

 

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Un beau saut

 

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Pleins de vie

 

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"Lulu" star des podiums depuis son plus jeune âge

 

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Nationale d'Elevage, quatre sujets

 

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Jugements et assessorats

 

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Championnat de France

 

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Vitaz, Sadkyo et Lulu

 

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Trois générations

 

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Berger Russe et... Terrier Russe !

 

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Un Berger Russe bienveillant...

 

Standard

 

Standard FCI N° 326/ 30.09.1983 /F

BERGER DE RUSSIE MERIDIONALE
(Ioujnorousskaia Ovtcharka)
ORIGINE : Russie.

DATE DE PUBLICATION DU STANDARD D’ORIGINE EN VIGUEUR : 30.09.1983.

CLASSIFICATION F.C.I. :    Groupe    1    Chiens de berger et de
            bouvier (sauf chiens de
            bouvier suisses).
    Section    1    Chiens de berger.
    Sans épreuve de travail.

L’Ovtcharka de Russie méridionale est un chien de constitution robuste, dont la taille se situe au-dessus de la moyenne ; il est mordant et méfiant envers les étrangers, peu exigeant et s’adapte facilement à diverses conditions climatiques et de température.

ASPECT GENERAL : Robuste , sec, avec une ossature massive et une musculature fortement développée.
Insuffisances : Constitution frêle, ossature trop faible, musculature insuffisante, constitution d’apparence grossière ou empâtée.

Type Sexuel : Bien accusé conformément au sexe.  Les mâles sont courageux, plus forts et plus massifs que les femelles.
Insuffisance : Femelles de type mâle.
Défauts : Mâle de type efféminé ; testicules non descendus dans le scrotum.

PROPORTIONS IMPORTANTES :
- Index d’ossature :    Mâles    17 – 19.
        Femelles    16 – 18.

- Index d’allongement (Format) :  108 – 110.
Insuffisances : Légères divergences avec les normes données.
Défauts : Divergences accentuées avec les normes données (forme carrèe ou très allongée).


COMPORTEMENT/CARACTERE : Type de haute activité nerveuse, fort, équilibré, vif.  Réaction dominante : Forme active de défense.
Insuffisances : Excitabilité excessive, timidité, paresse.
Défauts : Excitabilité incontrôlée, couardise.

TETE : Elle est de forme allongée avec un front modérément large ; le tubercule occipital et les arcades zygomatiques sont fortement accusés.  Le stop est peu prononcé.  La truffe est grande, noire.
Insuffisances : Tête grossière, stop accentué, arcades sourcilières saillantes, museau trop court ou trop allongé, lèvres grises ; truffe grise ou brune.
Défauts : Museau étroit, faible, retroussé, de forme tronquée.  Truffe rose.
Dents : Elles sont blanches, grandes, étroitement juxtaposées.  Les incisives sont implantées régulièrement et ferment en ciseaux.
Insuffisances : Dents trop petites et espacées, jaunies ou usées prématurément.  Dents cassées mais n’empêchant pas une fermeture correcte des mâchoires.  Manque de prémolaires.
Défauts : Tout ce qui ne correspond pas à une fermeture parfaite des dents en ciseaux.  Dents cariées.  Incisives implantées irrégulièrement.
Oreilles :  Relativement petites, de forme triangulaire pendantes.
Insuffisance : Oreilles décollées.
Yeux : De forme ovale, placés horizontalement, foncés, les paupières sèches, bien tendues.
Insuffisance : Yeux clairs.
Défauts :Yeux de couleurs différentes, paupières roses.

COU : Sec, musclé, de longueur modérée, attaché haut.
Insuffisances : Cou trop court, attaché bas.

CORPS :
Garrot : Apparent, mais pas haut.
Dos : Droit et fort.
Insuffisances : Dos mou ou bombé.
Défauts : Dos ensellé ou bossu.
Rein : Court, large, arrondi.
Insuffisances : Légèrement allongé, droit ou trop arrondi.
Défauts : Long, étroit, tombant.
Poitrine : Raisonnablement large, légèrement aplatie, profonde.
Insuffisances : Poitrine insuffisamment descendue (au-dessus du coude).
Défauts : Poitrine étroite, trop petite, en forme de tonneau.
Ventre : Modérément remonté.
Insuffisances : Exagérément levretté ou affaissé.

PIEDS : (avant et arrière) : de forme ovale, forts, bien arqués, couverts de poil long.
Insuffisances : Pieds plats, en patte d’oie.

ALLURES : Les mouvements sont libres et larges.  Les allures naturelles de ce chien sont le trot lourd et le galop.  Au trot, les pattes se déplacent de façon rectiligne avec un léger rapprochement de la ligne médiane.  Les articulations des membres avant et arrière se redressent librement.
Insuffisances : Légère déviation latérale dans le mouvement des pattes ; redressement insuffisant des articulations.
Défauts : Allures entravées.

ROBE

POIL : Long (10 – 15 cm), grossier, épais, touffu, légèrement ondulé, de longueur égale à la tête, aux membres, à la poitrine et au fouet, avec un sous-poil bien développé.
Insuffisance : Poil droit.
Défauts : Poil court, texture mobile.

COULEUR : Le plus souvent blanche, mais aussi blanche et jaune, paille, grisâtre (gris cendré) et autres nuances de gris ; blanche légèrement marquée de gris ; tachetée gris.
Défauts :  Robe noire, rousse, brune, fortement tachetée.



TAILLE :
Hauteur au garrot :    Mâles    - un minimum de 65 cm.    
    Femelles    - un minimum de 62 cm.
Insuffisances : Taille de moins de 65 cm pour les mâles, de moins de 62 cm pour les femelles.
Défauts : Taille de moins de 60 cm pour les mâles, de moins de 58 cm pour les femelles.


DEFAUTS : Tout écart par rapport à ce qui précède doit être considéré comme un défaut qui sera pénalisé en fonction de sa gravité et de ses conséquences sur la santé et le bien être du chien.

DEFAUTS ELIMINATOIRES :
Agressif ou peureux.
Tout ce qui ne correspond pas à une fermeture correcte des mâchoires.
Poil court ou droit.
Toutes les teintes de la robe n’ont pas été prises en considération dans le présent standard.


Tout chien présentant de façon évidente des anomalies d’ordre physique ou comportemental sera disqualifié.


N.B. : Les mâles doivent avoir deux testicules d’aspect normal complètement descendus dans le scrotum.



Vous pouvez aussi lire d’autres informations sur mon site à l’adresse suivante :


http://www.chien.com/askaniaskazka/index.html

 

Une petite chose encore, les photos sont la propriété de Sylvia. Comme j'ai eu du mal à choisir, je les ai pratiquement toutes publiées. Merci de ne pas les prendre sans autorisation.



06/10/2013
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